LA CAMPAGNE DE FRANCE, ROMAN AUX EDITIONS LE DILETTANTE


Le train de la croissance est en panne ? Qu'à cela ne tienne, c'est en autocar que les jeunes Alexandre et Otto véhiculent leurs clients, un groupe de retraités indisciplinés, dans un voyage culturel à travers la France. Ultime tentative pour sauver leur agence de la faillite, l’entreprise est capitale, porteuse des plus grands espoirs mais aussi de l’éventualité du péril. Prudence donc sur la route : l'imprévu peut surgir à chaque virage.

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Presse
La France sur une aire de repos

Sabine Audrerie, La Croix, 10 janvier 2013

Quelle équipée, et quelle épopée ! Hilarantes et romanesques, à défaut d'être probables. Est ce une volonté humaniste ou opportuniste qui motive chacun des participants à cette rocambolesque aventure ? Toujours est-il que les quelques jours qui les réuniront grâce à l'imagination fertile de Jean-Claude Lalumière ne seront pas piqués des hannetons, ainsi que l'aurait pu dire l'un des personnages. Frôlant la faillite - qu'ils ne feront peut-être que retarder - et désespérant de trouver des clients, les deux dirigeants d'une petite entreprise de voyages culturels béarnaise décident de revoir leur cahier des charges. Les châteaux, la littérature et l'Histoire dont le Français Alexandre et l'Allemand Otto sont passionnés ne font pas recette ? Soit, ils donneront au public ce qu'il attend du spectacle, du bas de gamme surfant sur l'air du temps. Mais ils ne comptent pas céder totalement au nivellement contemporain, qu'ils déplorent tout ensemble avec la disparition de la classe ouvrière, l'isolement des individus et le désintérêt pour le patrimoine français.

Pour atteindre Bergues et les lieux de tournage du film Bienvenue chez les Ch'tis, leurs touristes devront notamment passer par la maison de François Mauriac à Malagar ou par Oradour-sur-Glane. C'était parier sur l'improbable docilité des douze retraités qui embarquent un beau matin dans le « Cultibus », ce car de tourisme carburant au colza. La sédition vient vite, qui les emmènera s'échouer sur une aire de repos où les Robinson seront bien forcés de signer l'armistice, nourris par les seules saucisses-frites du camion de Jozy. Pas grand-chose de militaire, dans ce roman amusant - le deuxième de l'auteur -, sinon les souvenirs envahissants et biaises d'un ancien combattant. Pourtant, malgré son hétérogénéité, le groupe se trouvera bientôt plus soudé pour defendre, sinon un territoire, du moins une certaine authenticité de ceux-ci.

Cette campagne de France dans les campagnes de France est une farce jouant sur le langage et les réparties avec un sens de la provocation où des esprits mal tournés pourraient voir un esprit un brin réactionnaire, quand il s'agit probablement d'installer en tous lieux poil à gratter et dynamite. René Chateaubriand y converse sur un pliant, des nains de jardins envahissent Oradour, et on y inculque Rabelais à un vendeur de sandwichs industriels...Cette comédie verra s'adoucir les plus réticents au dialogue, dans les familles comme sur des terrains plus politiques, ou encore se dissiper les malentendus qui empêchaient Otto et Alexandre d'accéder à une véritable amitié.

La France en autocar
Baptiste Liger, L'Express, 9/15 janv 2013


Connaissez-vous Cultibus ? Créée par deux passionnés d'histoire et de littérature - Alexandre et Otto -, cette agence propose des voyages culturels de haut niveau en autocar à travers l'Europe. Malheureusement, les affaires ne sont pas florissantes, et nos deux idéalistes se voient contraints d'opter pour des odyssées, disons, plus « grand public »... Ils proposent ainsi une traversée de l'Hexagone, sur le thème des relations franco-allemandes, partant de la demeure de François Mauriac à Malagar et passant par le village d'Oradour-sur-Glane, puis par la Sologne d'Alain-Fournier. Sans oublier le terminus : Bergues - même si la cité de Bienvenue chez les Ch'tis n'est pas loin du hors-sujet... Une poignée de retraités tente l'aventure, alors qu'Alexandre et Otto ne sont pas au bout de la leur.

Certains de leurs clients ne pensent guère qu'à manger et dormir, d'autres sont atteints d'Alzheimer ou de surdité - et ne parlons pas de ceux qui ont besoin d'aller tout le temps aux toilettes... Ajoutez à cela une nuit improbable dans un hôtel bon marché, une grève des producteurs de lait, les problèmes techniques du bus au colza, les pérégrinations de deux randonneuses et d'un sériai killer de lapins, et vous aurez une idée de La Campagne de France, second roman loufoque de Jean-Claude Lalumière.
Lalumière fait sa campagne de France
Sébastien Lapaque, Le Figaro littéraire, 31/05/2013

Le deuxième roman de Jean-Claude Lalumière est une charge burlesque contre les voyages culturels.

À l'origine, une seule question se posait: Nice ou Biarritz? Pour ouvrir une agence spécialisée dans les pérégrinations culturelles à bord d'un bus roulant au colza, Alexandre et Otto hésitaient entre la Riviera et la Côte basque. Ils ont finalement choisi Biarritz, la station balnéaire lancée par l'impératriceEugénie, où les prétextes à des excursions variées ne manquent pas: Flaubert, Hugo, Mérimée etDumas y sont passés tour à tour.

À l'heure des satellites géostationnaires et de l'information en temps réel, les clients potentiels de l'agence Cultibus ne sont malheureusement guère attirés par ces glorieux noms qui ont perdu de leur magnificence. «Le voyage culturel, c'est mort. Ça n'intéresse plus grand monde. Il faut vous rendre à l'évidence. Vos clients sont rares», observe Raymond Dunoyer, le comptable chargé de mettre son nez dans les comptes négatifs de l'agence. «Il faut de l'efficacité, du chiffre, du rendement. Il faut que l'argent entre dans les caisses, et vite.»

Sous la menace, Alexandre et Otto concoctent donc un programme plus adapté aux goûts de ce qu'Edmond de Goncourt appelait le «gros public». En songeant au succès du film Bienvenue chez les Cht'is, Otto a eu une idée lumineuse. Pour les deux anciens étudiants en histoire et en lettres qui se sont connus à la fac de Tours, il est cependant hors de question de renier complètement leurs idéaux de culture partagée. L'intitulé du voyage qu'ils proposent trahit une combinaison audacieuse:«Du Pays basque au pays des Chtis, les relations franco-allemandes au XXe siècle à travers les œuvres deFrançois Mauriac, Jean Giraudoux, Dany Boon, etc.»
Inculture à front de taureau

Lorsque douze retraités d'une amicale de Saint-Jean-de-Luz se portent preneurs, Alexandre et Otto sont loin d'imaginer à quel point la divulgation de la culture va être physique… Du sud au nord de la France, le voyage éducatif apparaît vite pour ce qu'il est sous tous les cieux: un circuit avec des seniors grincheux qui s'inquiètent surtout de savoir où sont les toilettes et à quelle heure on prend les repas. Adieu donc, Mauriac, Giraudoux, Chambord, emblèmes délicats d'une culture raffinée. Tout ce que la bande de retraités chicaneurs montée dans le bus sait du monde lui vient de la télévision ; tout ce qu'elle veut en connaître y renvoie.

Subtil portraitiste, satiriste féroce, marionnettiste habile et juge impitoyable du grotesque de son époque, Jean-Claude Lalumière marche à l'éclat de rire comme d'autres marchent au canon. Il lui arrive de forcer le trait, c'est la loi du genre, mais il a le don de ménager ses effets et de mener son histoire sans s'égarer sur des chemins qui ne mènent nulle part, comme ses infortunés personnages.

Confrontés à l'inculture à front de taureau, Alexandre et Otto sortiront grandis de cette aventure. Car Jean-Claude Lalumière, qui publie ici son deuxième roman, a une précieuse qualité pour un créateur facétieux dont le plus grand plaisir est de jeter ses pauvres créatures dans des situations tour à tour loufoques et désespérantes: il les aime.
Le Premier éclat de rire de 2013
Sébastien Le Fol sur France Culture, 08/01/2013

Connaissez-vous Cultibus? Cette agence de voyages culturels, créée par deux jeunes enseignants en rupture de banc, a fait du « tourisme de mémoire » sa spécialité. Les sympathiques Otto et Alexandre proposent des circuits en autocar sur les traces de notre histoire : maisons d’écrivains, champs de bataille, monuments…Au bout de quelques années d’activité, leur comptable sonne le signal d’alarme. Jugées trop élitistes, leurs excursions sont loin de faire le plein. La culture, oui, mais pas à n’importe quel prix. Nos deux GO doivent revoir leurs prétentions à la baisse et faire quelques concessions à l’air du temps. D’où l’idée de ce voyage à l’intitulé aussi ronflant que loufoque : « Du pays basque au pays des Ch’tis, les relations franco-allemandes au XXe siècle à travers les œuvres de François Mauriac, Jean Giraudoux, Dany Boon, etc. » Une amicale des retraités du sud-ouest, dont les vacances égyptiennes ont été annulées, embarque à bord du Cultibus.

Imaginé (si peu !) par Jean-Claude Lalumière dans son drôle de roman La campagne de France (Le Dilettante), qui paraît trois ans après son excellent Front russe, le périple vaut le détour. Otto et Alexandre éprouvent toutes les peines du monde à intéresser leurs passagers. Au gré des humeurs et des aigreurs du groupe de ronchons, l’autocar doit sans cesse dévier de son itinéraire initial. A la visite d’une bourgade de la côte Atlantique rayée de la carte par une récente inondation succède celle d’un musée de la pomme tapée. Le clou du spectacle : une usine factice de bonbons dans laquelle s’activent des intermittents. « Tout comme les écomusées témoignaient de l’homme rural et de son milieu auprès des jeunes générations depuis les années 70, les musées-usines illustrent les cours d’histoire sur l’ère industrielle », explique doctement le gérant des lieux. Sous couvert d’une farce truffée de bons mots et de réjouissantes inventions, Jean-Claude Lalumière démystifie le rapport que les Français entretiennent avec la culture. Un rapport hypocrite, suggère ce petit-fils spirituel de Marcel Aymé. Nous nous piquons d’être plus cultivés que les autres peuples, nous glorifions sans cesse notre patrimoine littéraire et artistique, mais dans les faits nous sommes autant que les autres happés par cette sous-culture médiatique, qui cultive l’anecdotique, le trivial, et le divertissement. Nous avons beau être les héritiers de Laclos, nous avons fait un triomphe à Cinquante nuances de Grey. Du Louvre, nous connaissons surtout les anecdotes de tournage du film Da Vinci code. L’exception culturelle française serait-elle en voie de disparition comme certains pans de notre industrie ? La joyeuse et féroce Campagne de France de Jean-Claude Lalumière est la preuve du contraire. Certains de nos écrivains ont encore de l’esprit et de l’humour. Nul besoin de comédiens pour jouer leur rôle. Enfin, pour l’instant.

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